•  

     

     

     

     

    Le ciel s'est teinté du gris des cloches tristes

    Et les rayons d'un pâle soleil taché de boue

    S'éffilochent dans une ultime lueur de vie

    Où passe, incertain, le souffle d'une brise...

     

    Le grand jardin s'éffrondre sous l'ombre des ténèbres

    Et les herbes endiablées, d'un signe du sort

    Dansent sous le vaste portique de l'oubli

    Où frémit encore le souvenir d'une vie...

     

    La rivière s'est voilée d'un rideau de grisaille

    Et la sérénité du jour nouveau qui pointe

    Se fige en proie à l'angoisse du mal

    Mais un faible chant d'espoir l'atténue au loin...

     

    Le chemin du destin s'est soudain arrêté

    Et la folle espérance devenue buée

    Sombre et meurt dans le précipice du néant

    Où coule une larme sur les rides du temps....

     

     


    6 commentaires
  •  

     

     

     

    J'aime bien manger chez ma mémé. Sa maison sent bon, les morceaux de savon de Marseille sèchent sur le haut du buffet. Eté comme hiver, la cuisinière est allumée. Mémé est très contente : elle la trouve moderne, sa cuisinière, avec son four et sa bouilloire. Moi, je la trouve belle ; son bleu émaillé me ravit.

    Mémé aussi, je la trouve belle. Elle a des cheveux de neige...Elle cuisine mieux que personne, Mémé. Ses civets de lièvre ou de lapin sont renommés. Chaque Noël, le médecin de famille, qui habite à 25 kilomètres, fait le déplacement. Le poêlon de terre emmailloté d'un immense torchon noué aux quatre coins s'en va chez lui sur la table du réveillon. Quand il ramène le poêlon (vide, bien sûr !) et qu'il dit : Marguerite, nous nous sommes régalés", Mémé ne dit rien, mais dans ses yeux, s'allume une petite étincelle de plaisir.

    Les coings sont sur la table, énormes, jaunes et duveteux.

    Mémé les essuie avec un torchons propre puis les coupent en quatre sur la planche à découper et retire les pépins qu'elle enferme dans un carré de mousseline. Elle met le tout dans une bassine à confiture avec un peu d'eau, elle couvre et hop ! sur la cuisinière. Quand les quartiers sont tendres, elle retire la bassine du feu et met de côté le jus de cuisson pour faire la gelée de coings, menant lentement à ébullition le sucre et le jus qu'elle laissera cuire une demi-heure. Pour les quartiers de coings, le travail est plus long : elle les passe à la moulinette et leur ajoute le sucre cristallisé. Le tout est remis dans la bassine, sur le feu. Mémé tourne le mélange avec une cuillère en bois, debout devant sa cuisinière pendant une demi-heure. J'entends les petits flocs ! des bulles qui crèvent la pâte, il fait une chaleur ! Mémé dit : "Lève-toi de là, que tu es rouge comme un gratte-cul ! Va préparer les assiettes."

    J'aligne les assiettes où Mémé fait couler la pâte qui finit juste de bouillir. Elle embaume la maison. Elle a une couleur brune, presque rousse. Moi, je pense qu'il va falloir la retourner dans l'assiette tous les deux jours, et attendre qu'elle soit assez sèche pour que Mémé me dise enfin : "Allez, zou, tu peux en manger !"

    Ma grand-mère s'en est allé depuis longtemps. Mais chaque fois que je cuisine, elle est toujours avec moi, ma Mémé, avec son beau tablier bleu et ses cheveux de neige.

     


    3 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires